Antibiorésistance, les antibiotiques sont-ils un danger ?

cachets

« Aujourd’hui, je suis dépendante des antibiotiques. L’angoisse maintenant c’est de ne pas en avoir à disposition en cas d’infection urinaire. » Mme C.

Les antibiotiques et les cystites

Lorsque vous souffrez d’une cystite, les antibiotiques sont souvent le remède prescrit par les médecins. Ils s’attaquent directement aux bactéries responsables de l’infection. Le triméthoprime-sulfaméthoxazole, la nitrofurantoïne, la fosfomycine… Grâce à eux, certaines d’entre vous sont rapidement soulagées des douleurs et inconforts. Mais de nombreuses études ont démontré la limite de la consommation de ces médicaments dont la principale : le risque de développer une antibiorésistance. 

Un peu d’histoire : les antibiotiques, ça vient d’où ?

La découverte des antibiotiques a joué un rôle crucial dans l’histoire de la médecine. Tout commence avec la pénicilline, mise en lumière par Alexander Fleming en 1928 lorsqu’il remarque par hasard que certains champignons empêchent la croissance des bactéries. Bien qu’il ait découvert l’effet antibactérien de la pénicilline, Fleming ne parvint pas à l’exploiter totalement à cette époque.

En 1939, Howard Florey et Ernst Chain, deux chercheurs, ont réussi à faire de la pénicilline un médicament en l’isolant et la purifiant. En 1941, elle est utilisée pour la première fois avec succès sur un patient. Elle devient un outil essentiel pour traiter les infections bactériennes, sauvant de nombreuses vies pendant la Seconde Guerre mondiale.

La découverte de la pénicilline a été suivie par d’autres antibiotiques et a ouvert la voie à une nouvelle ère dans le traitement des infections dues aux bactéries (pneumonies, infections urinaires…). Chaque classe d’antibiotiques cible différentes bactéries et possède ses propres caractéristiques et modes d’action. 

L’histoire de la découverte des antibiotiques était le fruit d’un heureux hasard et de collaborations entre scientifiques. Alexander Fleming a observé que la moisissure du Penicillium notatum bloquait la croissance des bactéries, mais c’est grâce aux travaux d’Ernst Chain et Howard Florey que le potentiel thérapeutique de la pénicilline a été reconnu et les recherches ont été accélérées. Ça a été une révolution. De nombreuses vies ont été sauvées et c’est encore le cas. 

Les antibiotiques, c’est pas automatique

Mais dans les années 90, les médecins prennent conscience de l’antibiorésistance, se retrouvant face à des patients sur lesquels les antibiotiques ne font plus effet. 

Dès 1945, Flemming nous avait mis en garde contre la résistance à long terme à la pénicilline et donc aux antibiotiques en général :  « Cela aboutirait à ce que, au lieu d’éliminer l’infection, on apprenne aux microbes à résister à la pénicilline et à ce que ces microbes soient transmis d’un individu à l’autre, jusqu’à ce qu’ils en atteignent un chez qui ils provoqueraient une pneumonie ou une septicémie que la pénicilline ne pourrait guérir. »

Vous avez certainement déjà entendu la phrase : « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Mantra dans le domaine de la santé publique, elle vise à sensibiliser sur une utilisation plus responsable des antibiotiques. Elle a fait son apparition en 2002, époque où ils étaient prescrits largement sans trop se poser de question. Pourtant, ils ne sont pas toujours la solution à tous les maux. Ils sont par exemple inefficaces contre les infections virales (rhume, grippe… ); Trop consommés, ils entraînent un risque de développer une résistance bactérienne et des effets secondaires. Les bactéries mutent et deviennent résistantes aux antibiotiques, rendant ainsi les traitements moins efficaces voire inefficaces et engendrant une menace vitale. Il est donc essentiel de limiter l’utilisation des antibiotiques pour les cas où ils sont réellement nécessaires, en suivant les recommandations des professionnels de la santé, afin de préserver leur efficacité pour les infections qui en dépendent réellement.

L’histoire de la découverte des antibiotiques était le fruit d’un heureux hasard et de collaborations entre scientifiques. Alexander Fleming a observé que la moisissure du Penicillium notatum bloquait la croissance des bactéries, mais c’est grâce aux travaux d’Ernst Chain et Howard Florey que le potentiel thérapeutique de la pénicilline a été reconnu et les recherches ont été accélérées. Ça a été une révolution. De nombreuses vies ont été sauvées et c’est encore le cas. 

Ce mantra aura eu son effet.. un court instant. La consommation d’antibiotiques diminuera de 15% en France mais augmentera a nouveau quelques années plus tard et donnera naissance au slogan : « si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts. »

Antibiorésistance et cystites

Si vous souffrez d’infections urinaires et que vous avez déjà consulté un médecin, il est très probable qu’il vous ait prescrit des antibiotiques. Mais savez-vous que l’antibiorésistance favorise les récidives ? En 2016, les Etats-Unis ont d’ailleurs détecté avec grande inquiétude une première souche d’Escherichia Coli résistante à la colistine, un antibiotique de dernier recours pour ces infections.

Une étude, menée par la Dr Judith Anesi, épidémiologiste clinique à la Penn Medicine, montre que le risque de rechute peut être de moins d’une semaine. 

Des bactéries résistantes peuvent apparaître en quelques jours. 

Est-ce que je peux savoir à l’avance si ma cystite va résister aux antibiotiques ?

Pour savoir si votre infection urinaire va résister ou non aux antibiotiques, il existe une pratique qui consiste à mesurer la résistance bactérienne. Il s’agit d’un test biologique : l’antibiogramme.      

Ce test de laboratoire est réalisé sur l’échantillon d’urine d’un patient et détermine la sensibilité des bactéries présentes à différents antibiotiques. C’est une méthode utilisée pour guider le choix du traitement antibiotique le plus efficace.

Lorsqu’une infection urinaire est suspectée, un échantillon d’urine est prélevé et envoyé au laboratoire pour une culture bactérienne. Les bactéries présentes dans l’échantillon sont ensuite isolées et cultivées. Une fois que les bactéries ont suffisamment grandi, elles sont exposées à différents antibiotiques pour déterminer leur sensibilité.

Sur la base des résultats de l’antibiogramme, le médecin peut choisir l’antibiotique le plus approprié pour traiter l’infection urinaire. L’objectif est de sélectionner le juste antibiotique auquel les bactéries responsables de l’infection sont sensibles, afin d’optimiser l’efficacité du traitement tout en réduisant les risques de développer des résistances aux antibiotiques.

Petit conseil : Ne pas prendre un antibiotique avant de faire ce test. Cela tue les bactéries présentes et le test est faussement négatif. Il est donc impossible de savoir si infection il y a ou pas, ni à quels antibiotiques le germe est sensible.

Retour en haut